L’environnement, Le Perche
L’ancienne province du Perche est une région historique et politique française. Sa capitale fut selon les époques Bellême, Mortagne-au-Perche ou Nogent-le-Rotrou. Le Perche est aujourd’hui et depuis tout temps une région naturelle, voir Perche (région naturelle). Ses habitants sont les Percherons.
Le comté dura neuf siècles, avant d’être supprimé à la Révolution française, alors que la région naturelle du Perche (à laquelle on se réfère de nos jours), d’une superficie beaucoup plus étendue que l’ancienne province, prend racine dans un passé plus lointain et a subsisté jusqu’à l’époque contemporaine. Les territoires des deux entités, bien que souvent confondus, sont distincts.
Ce comté est né au xe siècle de terres bocagères qui n’avaient pas été incluses dans le duché de Normandie à sa formation. Plusieurs seigneurs furent alors installés à Mortagne et Nogent pour défendre les terres du Maine et du comté de Blois. Le comté du Perche était délimité au nord par la Marche d’Alençon, frontière avec le duché de Normandie, à l’est par le comté de Chartres, au sud par le Perche-Gouët et à l’ouest par le Maine.
Bien que la création d’un département percheron fût évoquée lors de la Révolution française, cette option ne fut pas retenue et la région naturelle du Perche fut scindée entre les départements de Loir-et-Cher, d’Eure-et-Loir, de la Sarthe, de l’Orne et une petite partie de l’Eure. La création du parc naturel régional du Perche, en 1998, a permis de réaffirmer une identité toujours vive, même si celui-ci ne représente qu’une petite partie de la région du Perche. Le parc naturel régional du Perche se trouve aujourd’hui sur l’ancien comté du Perche et sur une partie de l’ancien Perche-Gouët. Le développement du tourisme vert lui a permis d’accroître sa notoriété.
Le cheval percheron est sans nul doute l’emblème le plus connu de la région. Il existe également une race de vache percheronne presque disparue. Elle entre cependant dans le patrimoine génétique des races normande, saônoise et maine-anjou.
Géographie
Pays de collines humides et de plaines, la région naturelle trouve comme limite la rivière du Loir au sud et à l’est, la Beauce sur sa partie nord-est, le Maine à l’ouest, au nord-ouest la campagne d’Alençon et le Pays d’Ouche au nord.
Les collines du Perche sont un centre de dispersion des eaux et de nombreuses petites rivières y prennent leur source pour aller rejoindre :
On distingue le Perche-Gouët au centre, le Perche vendômois sur sa partie méridionale (au Sud), le Perche sarthois à l’Ouest, le Perche dunois (ou Faux Perche) à l’Est et le Grand Perche (anciennement « comté du Perche ») dans le Nord. Ces différentes dénominations sont historiques et encore aujourd’hui uniquement administratives, mais forment une même entité régionale et culturelle. En dépit du démantèlement de la province à la Révolution, l’identité du Perche dans sa globalité reste forte.
Le Perche est traversé par l’autoroute A 11 (sorties 4 et 5) dans le Centre et A 28 (sortie 17) dans le Nord. Il est desservie dans le Sud par la gare de Vendôme – Villiers-sur-Loir (Loir-et-Cher), que le TGV met à 42 minutes de la gare de Paris-Montparnasse.
Histoire
Plusieurs sites archéologiques du Néolithique, comme « la Pierre Procureuse » entre L’Hermitière et Gémages ou encore « la Pierre Cochée » à Droué, attestent de l’ancienneté de l’occupation humaine dans la région.
Les populations celtiques arrivées dans la contrée dès l’âge du bronze, puis à l’âge du fer y laissent définitivement leur empreinte, comme le montre l’étymologie de la plupart des noms de lieux importants : Gémages – de *Gemetiko (Gemmeticum xve siècle), sur *gem, de signification obscure, suivi de deux suffixes celtiques -at/-et + iko (cf gallois eithefig < *ektamiko)10 ou Nogent, du gaulois Noviento, fondé sur l’adjectif noviios, neuf, et le suffixe -ento localisant à l’origine, signifiant « endroit ».
La plus grande partie du Perche, bien que cela ne soit pas clairement défini, était située sur le grand territoire du peuple celtique des Carnutes, qui y aurait exploité le fer grâce en partie à la pierre de Grison, trouvée en effleurement sur les plateaux et utilisée dans l’habitat traditionnel.
On peut y voir l’origine partielle de l’appartenance des coutumes du Perche au groupe de celles du pays de Chartres et de l’Orléanais.
La forte identité du Perche tient en partie à son droit coutumier avant la Révolution : « la coutume du Perche » ou plutôt « les coutumes du Perche », distinctes de la coutume de Normandie, de celle du Maine et celles de l’Île-de-France11.
Le comté se constitua par la fusion du comté de Mortagne, de la vicomté de Châteaudun et la seigneurie de Nogent-le-Rotrou.
La proximité de la Normandie en fait du xe siècle au xve siècle une province stratégique pour les rois de France.
En 1227, il fut inclus dans le domaine royal français. Une partie du comté du Perche fut alors démembrée pour constituer le comté d’Alençon au profit de Pierre Ier d’Alençon, fils de France. Cependant il réintégra le domaine royal en 1283. Il fut, une seconde fois, en partie adjoint au comté d’Alençon pour Charles II d’Alençon, comte d’Alençon et du Perche en 1326. La maison d’Alençon s’éteint en 1525 et le duché d’Alençon et comté du Perche font retour au domaine royal.
La Renaissance est un temps fort de l’histoire percheronne : la région se couvre de manoirs (Courboyer, Alleray, Bois-Doublet…), et l’industrie locale (étamines à Nogent, tanneries à Cormenon, minerais…) approvisionne Paris. Le principal ministre d’Henri IV, Sully, est marquis de Nogent-le-Rotrou, où il est enterré. Le Perche est aussi la région natale du poète Rémy Belleau, membre de la Pléiade, mené par Pierre de Ronsard, le Vendômois.
Un mouvement d’émigration vers la Nouvelle-France s’amorce à partir de plusieurs provinces de France tout au long des xviie et xviiie siècles. La première vague de cette émigration, le renommé mouvement d’émigration percheronne, durera une trentaine d’années à partir de 1634, partant de migrants de régions du Nord et de l’Ouest du Perche axées autour des lieux suivants : Tourouvre, Mortagne, Igé, et Saint-Cosme-de-Vair12,13. En une trentaine d’années, plus de 300 émigrants14, laboureurs et exerçant divers métiers liés à la construction (maçon, menuisier, charpentier, briquetier, etc.), vont ainsi entreprendre le grand voyage. Quelques-uns vont revenir au pays, mais la grande majorité choisit de s’établir sur les rives du fleuve Saint-Laurent pour y défricher et faire prospérer les terres nouvelles.
Il est estimé que tout au plus soixante-dix des premiers couples percherons à émigrer en Nouvelle-France au xviie siècle ont eut une influence démographique dominante à travers les générations de sorte que les descendants de ces migrants représente environ un septième de la population québécoise d’expression française d’aujourd’hui15,16.
Leur descendance au début du xxe siècle est estimée à 80 000 familles et 300 000 descendants directs17, aujourd’hui à 1 500 000 personnes au Canada – beaucoup plus sans doute si on tient compte d’un important essaimage dans toute l’Amérique du Nord (Nouvelle-Angleterre et Louisiane, plus particulièrement). La famille qui compte le plus de descendants est la famille Tremblay qui remonte entièrement à un seul ancêtre Pierre Tremblay, natif de Randonnai. Le nombre total de ses descendants portant le patronyme Tremblay est estimé à environ 180 000 en Amérique du Nord18, dont plus de 80 000 au Québec19, sans compter les descendants des femmes qui se sont mariées.
L’une des plus petites provinces du royaume à la fin de l’Ancien Régime, où elle est intégrée dans le gouvernement de Maine-et-Perche, avec le Maine. Le Perche conserve une forte identité régionale en dépit de son morcellement en départements à la Révolution entre l’Orne (Mortagne-au-Perche), l’Eure-et-Loir (avec Nogent-le-Rotrou, le Perche-Gouët, le Perche Dunois), la Sarthe (La Ferté-Bernard, Saint-Calais) et le Loir-et-Cher (Perche vendômois avec Mondoubleau et Vendôme). Aujourd’hui, l’éclatement entre les régions administratives modernes, que sont la Normandie, le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire, contribue à perturber la cohérence physique, géographique et historique de cette région naturelle. Malgré cela, l’esprit identitaire de la région du Perche est l’une des plus vivaces du nord de la Loire.
Au xixe siècle, la région est désenclavée par l’arrivée du chemin de fer. Le Perche exporte ses chevaux en Amérique où ils participent à la conquête de l’Ouest. L’agriculture se spécialise progressivement dans l’élevage équin et bovin, ainsi que dans la production cidricole. Les clivages politiques toujours d’actualité se forment à cette période : le Perche ornais, longtemps bonapartiste et clérical, reste plutôt conservateur, tandis que le Perche d’Eure-et-Loir, de l’Eure, de Loir-et-Cher et de la Sarthe ont une tradition radicale. Paul Deschanel, député de Nogent-le-Rotrou, sera brièvement président de la République après la Grande Guerre.
Voir aussi : Liste des comtes du Perche